Icare

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Il n’est de mots qui sachent bien le dire.
Tu te fais mime – un corps devient langage
Pour s’échapper de la bouche d’aurore.
Tu m’envahis. Ton cri vibre et tu danses.
Un ciel de plomb te regarde – ou t’écoute.

Sel solitaire. Une eau pure, un serpent.
Pourquoi ceci, cela, ce mot, cet autre ?
Je n’attends pas, je blesse mon attente.
Le mouvement déroule ses écharpes,
Ma main se noue à la gorge, à la forge.

Tu disparais pour une ombre, un murmure.
Un chant de toi disperse les montagnes.
Fleur après fleur, ta voix me recompose
Roi sans désir, un caillou dans la bouche,
Ou moribond quand se ferment tes mains.

Eloigne-toi. L’oiseau n’a plus de sol.
Icare dit ses grâces au soleil.
Le laboureur toujours se porte en terre
Et ne voit rien du drame car il vit
Sur l’aile morte au fond d’un autre temps.

Robert Sabatier, Icare